Ensemble Vox Luminis / Lionel Meunier

Bach est le plus brillant représentant d'une dynastie musicale exceptionnelle. Toutefois, les œuvres de ses ancêtres et cousins sont largement méconnues. Une injustice que répare le brillant ensemble belge Vox Luminis, encensé par la critique internationale depuis l'obtention d'un prestigieux "Gramophone Recording of the Year", considéré comme l'équivalent des Oscars pour la musique classique !

BACH, UNE FAMILLE AU LONG COURS !

Bach en Allemand signifie ruisseau. Pourtant, lorsque l’on parle de la famille Bach en musique, on devrait plutôt parler de fleuve, d’une longueur et d’une richesse inouïe grâce à ses nombreux affluents et atteignant son apogée avec Johann Sebastian.

Johann Sebastian Bach a établi lui-même un premier arbre généalogique, qu’il a intitulé Ursprung der musicalisch-Bachischen Familie. Plus de la moitié des membres de la famille furent organistes à Eisenach ou dans les villes voisines. La famille est divisée en deux branches : celle d’Erfurt et celle d’Arnstadt.

Durant plus d’un siècle, la famille Bach a dominé la vie musicale d’Erfurt à tel point, qu’en 1793 encore, tous les musiciens du conseil de la ville s’appelaient « Bach » ! Rien que dans les registres de l’Église des Commerçants – Kaufmannskirche – sont consignés pas moins de soixante baptêmes, mariages et enterrements pour cette famille.

Ce qui m’intéresse le plus c’est le parcours conduisant à l’avènement d’un tel maître unanimement reconnu. Le berceau de cette lignée date du début du XVIIe siècle, qui est aussi ma période favorite. Le thème de cette résidence s’est d’ailleurs imposé quasi instantanément à Fabrice Creux et moi et nous n’eûmes pas besoin de plus de quelques minutes pour choisir dans l’euphorie les trois programmes et décider du titre à lui donner. Nous nous réjouissions déjà d’entendre ces cantates de jeunesse du grand Jean-Sébastien et aussi d’en approfondir le mystère de leur genèse.

Trois concerts ne permettent évidemment pas de tout passer en revue mais il est cependant possible d’emmener le public dans un voyage unique, grâce au concept original de Musique et Mémoire.

Deux des concerts de Vox Luminis sont consacrés aux cantates sacrées.

Dans ce domaine le nom de Johann Sebastian Bach (1685-1750) s’impose de lui-même. À juste titre. Plus de 200 cantates ont été retrouvées, et elles sont pour la plupart de véritables chefs d’œuvre. Celles qui datent de son séjour à Leipzig, comportent le plus souvent un chœur d’entrée, une alternance d’airs et de récits, et un choral.

Le style des cantates dites « de jeunesse » vient tout droit de ses prédécesseurs, aux premiers rangs desquels figurent Johann Pachelbel (1653-1706) et Dietrich Buxtehude (1637-1707) et ne comportent pas encore de Récit ou de Choral.

Pachelbel fut un ami proche du père de Johann Sebastian, Ambrosius Bach, au point de devenir le parrain de Johanna Judita, l’une des sœurs de Johann Sebastian, ainsi que le professeur de Johann Christoph, son frère ainé ; il faisait donc partie de la famille !

Ces cantates qui s’enchainent d’un trait impressionnent l’auditeur. Christ lag in Todesbanden BWV 4 fascine particulièrement par sa beauté mais aussi par le lien qu’elle tisse avec le passé. Son instrumentation vient tout droit des cantates données à Arnstadt dont Vox Luminis fera entendre un florilège. Il célèbrera en 2015 les 400 ans de la naissance de cette lignée avec Heinrich Bach (1615 – 1692) qui donna naissance notamment à Johann Christoph (1642 – 1703) et Johann Michael Bach (1648 – 1694). Johann Sebastian épousera d’ailleurs Maria Barbara la fille de ce dernier. Le public entendra également la version originale de Pachelbel dont Bach, sans aucun doute possible, s’est inspiré.

Enfin, cette cantate, avec notamment l’utilisation d’un cantus firmus tout au long de l’œuvre, fait penser immanquablement au Choralmottete – motet basée sur un choral allemand en cantus firmus – et aux motets en général. Incontestablement, le motet est l’autre genre de composition sacrée le plus répandu à l’époque baroque. Celui-ci me permet d’ajouter en plus des deux fils d’Henrich, deux autres membres de la famille d’Erfurt, Johann et Johann Ludwig.

Ce concert dédié à la dynastie des Bach montrera la diversité de leurs compositions mais aussi l’évolution qui conduira à l’écriture des célèbres, et légitimement célébrés, motets de Johann Sebastian Bach. Il les admirait au point d’en posséder des copies personnelles.

Un parcours unique et passionnant grâce au festival Musique et Mémoire et à son directeur artistique Fabrice Creux. En écrivant ces lignes je ne regrette qu’une seule chose : ne pas pouvoir être dans le public parmi vous !

Lionel Meunier


 

Vendredi 24 juillet, 21 h
Eglise Luthérienne d’Héricourt

La dynastie Bach 
100 ans de motets
Johann Bach (1604-1673), Johann Christoph Bach (1642-1703), Johann Ludwig Bach (1642-1703), Johann Michael Bach (1648-1694)

Samedi 25 juillet, 21 h
Eglise Saint-Martin de Lure

Bach la lignée d’Arnstadt

Heinrich Bach (1615-1692)
Ich danke dir Gott

Johann Michael Bach (1648-1694)
Herr, der König freuet sich
Liebster Jesu, hör mein Flehen

Johann Christoph Bach (1642-1703)
Die Furcht des Herren
Herr, wende dich und sei mir gnädig

Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Christ lag in Todesbanden BWV 4

Dimanche 26 juillet, 17 h
Eglise Sainte-Antide de Fresse

Pachelbel et Bach
Cantates de jeunesse

Johann Pachelbel (1653-1706)
Christ lag in Todesbanden
Was Gott tutt das ist Wohlgetan

Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Aus der Tiefe, ruf ich Herr zu dir BWV 131
Weinen, klagen, sorgen BWV 12

 

L'actualité du festival